mercredi 27 mars 2013

In progress

Un mystère est en passe d'être résolu.

Pendant longtemps, je me suis étonnée que les hommes ne m'abordaient pas dans la vie réelle. D'ailleurs, ils ne me regardaient même pas. J'en étais donc quitte pour draguer sur le net. Je me sentais moche et je tentais donc de vérifier que, grâce au net, on s'attache moins au physique et plus à la beauté intérieur. Rien que d'écrire ça je suis à la limite de faire pipi dans ma culotte de rire, mais que voulez-vous on se raccroche à ce qu'on peut.

Et puis, il eu cet épisode poignant, reconnaissons-le, où j'ai pleuré dans les bras de E. (il y a trois ans environ) parce qu'il m'a dit que j'étais belle. Il a ajouté que j'avais bien le droit, moi aussi, d'attirer les regards des hommes. C'était la première fois qu'on me disait que j'étais belle, ou la première fois que je l'entendais. 

Depuis ce jour, je suis belle. 

Et petit à petit j'ai attiré le regard des hommes dans la rue. Parce que j'ai entendu aussi cette évidence : les hommes ne se retournent pas sur la beauté, il se retourne sur ce qui est potentiellement baisable. Ce qui n'est pas du tout la même chose. Une beauté froide dont on sent qu'elle a les cuisses soudées n’attire guère les regards, quand un petit boudin à l'air déluré remporte les suffrages. Je me sentais belle, restait à avoir l'air délurée. 
Aujourd'hui, c'est devenu un jeu : dans la rue, dans le métro, je comptabilise les oeuillades et les têtes retournées, et je m'en brosse l'égo. Une vraie cagole !

Mais on ne m'abordait pas, sauf de façon tellement vulgaire que c’était surement des actes de sabordage désespérés, voire une vengeance personnelle contre les femmes qui trouvait son exutoire.

Le frotteur de noël, de sinistre mémoire, fût une exception. A moins qu'il ne soit le premier d'une longue lignée.

Aujourd'hui, j'ai été abordé par un collègue, dans une expo professionnelle. Le truc tellement improbable que j'ai d'abord cru que le type m'avait pris pour quelqu'un d'autre. Peut-être ressemblais-je à s'y méprendre à quelqu'un de sa connaissance, ce qui expliquait qu'il me cause ainsi, de but en blanc, du prospectus que je venais d'attraper dans un distributeur.

Le gars était intarissable  trouvant toujours à relancer la conversation quand moi je restais quelque peu sur la réserve. Il faut dire que son air d'ancien hippie sur le retour m'a incité à penser qu'il s'était égaré à la cité des sciences, au milieu du troupeaux de collègues (Ah ! Quel beau métier, professeur !* devait-il penser.) Mais que nenni, nous échangeâmes sur nos disciplines respectives. Puis, comme nous passions devant l'expo sur l'univers, sur le boson de Higgs et la physique quantique. Je vous le dis tout net, le boson de Higgs, les multivers et autre chat de Schrödinger sont les incontournables de cette année et certainement de la suivante. Si vous ne voulez pas passer pour un demeuré, renseignez-vous. Lisez les oeuvres de vulgarisation de Klein (Etienne, pas Yves), lui aussi un incontournable en société, ou matez ses vidéos sur youtube.

Mon cher collègue donc, après m'avoir taillé un bout de bavette, s'est élégamment éclipsé pour me laisser visiter l'expo tranquille, non sans m'avoir glissé ses coordonnées dans la main et m'avoir quelque peu arraché mon mail. De fait, assez estomaquée par la leçon de drague que je venais de recevoir, je n'ai pas eu le coeur de le priver de cela.

Il n'a pas perdu de temps. J'ai déjà un mail dans ma boite, rédigé avec une orthographe plus rigoureuse que la mienne. A vrai dire, je me tâte. L'histoire est mignonne mais le mec me laisse assez indifférente. Pour l'instant. Ou pour toujours. Je ne sais. 

Mais, la bonne nouvelle, c'est que je suis désormais accessible. On m'aborde, on me cause, je ne réfrigère plus le peuple à 20 mètres à la ronde. Et même on me fait une petite cour fort agréable. Cela suffit à mon bonheur.


* Attention, contrepèterie !

1 commentaire:

  1. kkarl77 - charnelle30 mars 2013 à 15:40

    On peut dire à une femme qu'elle est belle, sans pour autant espérer accéder à son intimité.
    Comme une prière, une déclamation. On trouve une peinture ou une photo très belle, tout en sachant qu'on ne la possédera jamais.
    Dire à une femme qu'elle est belle, c'est juste lui faire remarquer le plaisir qu'on a éprouvé à la regarder, la beauté n'étant que subjective.

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