dimanche 25 mars 2012

Journée de deuil

Il (pour la commodité de la chose appelons le E.) m'a répondu, comme prévu. Mais je n'avais pas eu le temps de relire son mail pour la vingtième fois, me demandant jusque quand le faire patienter pour la réponse, que je recevais un autre mail où il m’annonçait la mort de sa maman, quasiment en direct. J'étais effarée. Autant de la nouvelle que de sa façon de penser à me le dire en express. 


 Détail sinistre, s'il en est des plus que d'autres en la circonstance, E. ajoutait dans son mail : "Les bons moments (notre paix) précèdent les plus tristes". Mes sentiments vis à vis de cette dame ont souvent été mitigés. E. a deux femmes dans sa vie : madame mère et madame épouse. Vu de ma fenêtre elle sont semblables, quasiment copies conformes. Et lorsque E. et moi rêvions tout haut d'un futur merveilleux (vous savez, ce monde où les hommes mariés ont le courage de quitter leur femme) il m'était déjà douloureux de penser que E. ne voulait pas entendre que je ne chausserais pas les Isotoners de madame épouse, mais imaginer les vacances avec madame mère me donnait carrément des palpitations (car madame mère était de tous les projets familiaux, vacances comprises). 

 Si j'avais trois ans, ou si je croyais à la sorcellerie, je pourrais penser que mon retour dans la vie de son fils n'est pas sans rapport avec le départ de madame mère, qui me détestait sans me connaitre. Ou en tout cas me souhaitais de débarrasser le plancher. 


Toujours est-il que malgré la triste nouvelle je poursuivais ma journée comme prévu après avoir envoyé un mail de condoléances. Et au programme de ma journée il y avait un sauna en soirée. Mais en dépit de mon envie d'en profiter, le pensée du chagrin de E. me poursuivait.  

Lorsque j'ai rejoins mon chauffeur du soir, c'est la première chose que je lui ai dite en montant dans la voiture. La maman d'un ami proche était morte, j'étais triste pour lui.  

Allongée dans le jacuzzi du sauna, offrant mon corps aux bulles délassantes, mon esprit vagabondait à la rencontre de E. Dans une demi conscience je sentais sa tête dans mon cou, y  trouvant un peu de réconfort. Je sentais des mains qui me caressaient sous l'eau. Je les repoussais, mais cela me demandait un effort, un retour au réel, que je ne souhaitais pas. Je ne voulais pas être arrachée à cette sensation de soutenir E., cette douceur de le sentir contre moi, apaisé. Alors je laissais faire, jusqu'au moment où les caressent se faisant plus précises, atteignant quelques points stratégiques, me tiraient de mon rêve éveillé. Je haïssais tout à coup ces hommes et leur désir envahissant. J'avais envie de les battre, de les mordre, de leur crier de me foutre la paix bordel de merde. Alors je sortais du jacuzzi, sans un mot, même pour mon chauffeur qui restait là comme deux ronds de flan. 

Plus tard, mon chauffeur et moi sommes allés en cabine. Il massait de façon somptueuse et n'a pas lésiné. Je peux dire que en sauna j'ai été presque autant massée que baiser, j'ai donc des points de repères. Et là, c'était du grand art. Pas une once de mon corps n'y a échappé. Me faire ainsi dorloter était bien la chose dont j'avais besoin, en dépit, ou à cause de ce chagrin que je vivais par procuration.  

Un détail cependant m'ennuyait : je n'avais pas particulièrement envie de toucher mon chauffeur. Je sentais bien que lui rendre la pareil allait s'avérer compliqué, voire impossible. La solution la moins inélégante aurait été de l'avertir que je souhaitais juste un massage. Pensant me convaincre il aurait accepté, et je n'aurais pas eu de remord à lui rappeler notre accord de départ le cas échéant. Mais je ne l'ai pas fait. Et quand le massage a dégénéré en caresses de ma chatte, je me suis tortillée de plaisir au lieu de dire stop. Je sentais les doigts de mon chauffeur glisser merveilleusement grâce à l'huile de massage sur mes lèvres, effleurer mon clitoris. Et quand il a en plus, de l'autre main, titillé un de mes tétons j'ai cru que j'allais jouir immédiatement.
Mais c'est sous ses coups de langues que j'ai jouis. Son cuni n'étais pas mal habile, mais malheureusement, au moment de l'extase et de mon cri, il arrêta presque net, reprenant trop vaguement à mon goût. Je ne sais si j'aurai l'occasion d'en reparler avec lui mais il m'a donné l'impression d'être surpris par ma réaction explosive, de se laisser désarçonner par mon ululement et mes convulsions de chatte en chaleur. Il faudra un jour que je m'enregistre pour mieux juger de l'effet produit, mais il parait que c'est assez intéressant !

Comment ensuite se sortir de cette épineuse situation ? Je resitue. Le monsieur a passé un temps infini à s'occuper de moi, m'a octroyé un cunni honorable, et moi je n'ai pas du tout envie de m'occuper de lui.  Après quelques manœuvres maladroites, le chauffeur a bien compris que je n'étais pas très en train et que ses efforts ne seraient pas payés de retour. 

Alors je le dis, je suis une sale égoïste, je me suis servie de lui. G., a qui j'ai raconté l'épisode depuis, a le don de trouver les échappatoires les plus étonnants (c'est qu'il s'y connait en entreprise de déculpabilisation) : si le chauffeur est un vrai libertin le plaisir de la femme est un plaisir plus intense pour lui que le sien propre. Bien heureux l'homme qui a eu l'honneur de passer un si doux moment avec moi, il ne voit pas où est le problème. Bien. Soit. Enfin, il me semble quand même que le chauffeur l'avait un peu amer... 


Sans compter que le pauvre n'était pas au bout de ses peines. Ou plutôt pas au bout des miennes. Le satisfaire sexuellement était impossible pour moi mais j'étais capable de tendresse. Aussi, allongés l'un à coté de l'autre dans la cellule de la boite à cul, nous nous sommes fait un long câlin. Et la tête sur son épaule, j'ai pleuré.

1 commentaire:

  1. E te remercie pour ce message émouvant et sur ta façon même à distance de partager sa tristesse.
    Il y à juste quelques imprécisions sur le nombre de femmes importantes dans la vie de E. Il manque deux femmes : sa grand mère et toi Marionde.
    Tu le savais et tu l'as oublié, ça en dit certainement sur toi et sur la sincérité de ce tu écris. Tout ça t'appartient.
    Bises
    E
    E

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